Troubles du comportement fréquents et pistes de remédiation

Nos oiseaux sont généralement pétillants, vifs, plein d'ingéniosité, et nous réservent plein de belles surprises au quotidien. Néanmoins, il arrive parfois que le mode d'élevage, de mauvaises conditions de détention ou tout simplement les contraintes de la vie en captivité (pour les espèces les plus sensibles) mènent les oiseaux à adopter des comportements déroutants, désagréables, voire dangereux pour leur soigneur et pour eux-mêmes. Nous allons tenter de passer ces troubles du comportement en revue, d'en expliquer les principales causes et de donner quelques pistes pour améliorer la situation.

MORSURES

1) L’oiseau vous mord lorsque vous approchez votre main, tentez de le caresser ou de le saisir

• Tant que l'oiseau n'a pas une grande confiance en vous, c’est normal : dans la nature l’oiseau est une proie et vous un prédateur. Il se défend avec sa seule arme, c'est-à-dire son bec. C’est d’autant plus vrai lorsque l’oiseau a les ailes taillées et ne peut plus fuir. Vous allez devoir entamer un vrai travail de désensibilisation à la main : https://perruches.forums-actifs.net/t8458-technique-d-apprivoisement-en-image
  

2) Votre oiseau est jeune et découvre les matières, il ne mesure pas la puissance de son bec lorsqu’il vous pince les doigts, fort mais sans agressivité

• N’hésitez pas à lui dire « non » de manière significative mais sans colère, sans réaction brusque, afin qu’il comprenne que cela est douloureux pour vous. Détournez son attention sur un jouet et récompensez-le bien ( friandise, caresses, vives félicitations ...) lorsqu'il a une attitude satisfaisante.
  

3) Votre oiseau pince à la moindre contrariété, il ne tolère pas que vous l’empêchiez de faire tout ce qu’il désire

• Si votre oiseau est EAM, il est possible qu’il n’ait pas appris, auprès de ses vrais parents, les comportements de prévention et d’apaisement. Dans ce cas, l’oiseau attaque avant d’émettre les signaux habituels : mouvement de recul, bec ouvert, hérissement des plumes de la tête, queue en éventail chez les amazones, les touis célestes, etc
  
  
• Ne criez pas sur votre oiseau, ne faites pas de gestes brusques, ne l’enfermez pas dans sa cage. Au contraire, stoppez toute interaction : posez-le sur un perchoir et ignorez-le. Quand il reviendra vers vous calmé, récompensez-le bien.
  

4) Votre oiseau est irrité par une situation ou un congénère, et vous mord (souvent l’oreille, les doigts)

• Cela s’appelle de l’agressivité redirigée. Votre seule parade consiste à prévoir l’agression et à poser l’oiseau avant qu’il n’attaque.
  

5) Votre oiseau est particulièrement désagréable avec certains membres de la famille

• Il se peut qu’il soit entré dans une relation exclusive avec un membre de la famille humaine, par défaut de congénère, et rejette les autres. L’oiseau parade, régurgite ou fait des tentatives d’accouplement lorsqu’il est aux cotés de son humain chouchou. Rappelons que les perruches forment des couples monogames, fidèles pour la vie. Pour que votre oiseau soit celui de toute la famille, offrez-lui un congénère et faites participer toute la famille à l’entretien de la cage, au changement des gamelles, jeux etc. Ainsi, les humains seront perçus comme faisant partie du groupe social, et non comme des partenaires amoureux.
  

CRIS

1) L’oiseau crie le matin, et pour certaines espèces à la tombée du jour

• C’est un comportement parfaitement naturel. Les perruches ne sont pas des animaux silencieux. Mieux vaut être informé et choisir des espèces qui correspondent à votre seuil de tolérance au bruit. Si vous voulez vous accorder une grasse matinée, laissez les stores ou volets fermés jusqu’à votre réveil dans la pièce où vivent les oiseaux, couvrez la cage d'une couverture en coton.
  

2) L’oiseau crie lorsqu’il est dans sa cage

• Il est possible que la cage soit trop petite, trop peu stimulante et que l’oiseau s’y ennuie. Ses cris à répétition vous indique qu’il ne supporte pas d’y rester enfermé. Généralement, ces cris seront accompagnés d’un refus de rentrer dans la cage à la fin des sorties. Il faudrait penser à changer de cage, à l’aménager autrement ou à fournir des jouets plus adaptés.
  
  
• Il y a un élément anxiogène dans la cage. Il faut veiller à laisser les nouveaux objets à la vue des oiseaux pendant plusieurs jours avant de les introduire dans la cage. Si un objet effraie l’oiseau, retirez-le et présentez-lui plus tard, lors d’une sortie par exemple.
  
  
• L’oiseau est seul et la cage est synonyme d’isolement. C’est la pire chose que l’on puisse faire subir à un animal grégaire comme la perruche. Offrez-lui, d’urgence, un congénère.
  
  
• Choses à ne pas faire : revenir pour calmer l’oiseau (cela agit comme un renforcement positif) ; crier sur l’oiseau ; secouer la cage ; couvrir la cage… Tout cela s’apparente à de la maltraitance.
  

3) L’oiseau crie quand je ne suis plus dans son champ de vision

• La perruche est un animal grégaire, elle lance des cris d’appel pour rechercher le groupe social hors de son champ de vision.
  
  
• Certains EAM mal sociabilisés et maintenus seuls ont choisi l’humain comme partenaire amoureux. Son absence est alors insupportable. Il faut vite offrir un congénère.
  
  Répondez une fois à votre oiseau "je suis là" pour qu'il vous localise mais ne vous précipitez pas vers sa cage.
  

TROUBLES D’ORDRE SEXUEL

1) Mon oiseau se masturbe

• Il peut le faire sur vous, une gamelle, un perchoir ou tout autre objet inapproprié… La masturbation est signe de frustration sexuelle, souvent chez un oiseau célibataire. Les oiseaux n’étant pas stérilisés, leur comportement est largement influencé par les montées hormonales. Ne réagissez pas, vouloir inhiber ce type de comportement pourrait aggraver le problème.
  
  

2) Ma femelle pond à répétition

• Même raison qu’au dessus. Il ne faut surtout pas enlever les œufs au fur et à mesure, ce qui occasionne des pontes de remplacement. La femelle risque alors une hypocalcémie, une rétention d’œufs pouvant mener jusqu’à sa mort. La solution consiste à laisser les oiseaux mener à bien une reproduction lorsqu’ils en expriment le besoin. L’essentiel n’est pas que des jeunes naissent, mais que les oiseaux couvent pour que les hormones redescendent. Remplacez dans ce cas les œufs par des œufs factices et retirez les nids au bout du délai normal de couvaison.
  
  
• L’autre solution, plus radicale, est de diminuer drastiquement le temps d’éclairement journalier : 8 heures au maximum et de modifier l'environnement de la cage.
  
  

TROUBLES LIES AU TERRITOIRE

4) L’oiseau agresse ses congénères de cage ou de volière

• L’espace de vie est trop restreint par rapport au nombre d’oiseaux et il faudrait songer à l’agrandir, à réduire le nombre d’oiseaux ou à séparer certains individus belliqueux
  
  
• L’oiseau est agressif car il cherche à l’approprier le perchoir le plus haut, une gamelle ou un nid. Il faut alors multiplier les coins repas, les perchoirs hauts, poser plus de nids que de couples.
  

5) L’oiseau agresse l’humain qui introduit sa main dans la cage

• L’oiseau ressent la présence sur son territoire (la cage) comme une intrusion ou une agression, il défend son territoire. Reculez, montrez à l’oiseau que vous respectez son intimité. Si possible, privilégiez une cage avec des mangeoires pivotantes afin de ne pas introduire trop souvent votre main dans la cage si votre oiseau n'a pas encore confiance en vous.
  Chez de nombreuses espèces, l'oiseau peut devenir territorial en période de reproduction pour "défendre" sa future nichée. N'y voyez pas un trouble mais un comportement inné qu'il faut respecter.
  

PICAGE

1) Mon oiseau se pique

• Il peut y avoir diverses raisons, d’ordre psychologique mais surtout physique (parasites internes et externes). Il faut impérativement consulter un vétérinaire pour exclure les causes d’ordre physique. Veillez à donner une alimentation variée et équilibrée, à doucher et à distraire votre oiseau au maximum, physiquement comme intellectuellement.
  Au moment où il se pique, ne réagissez pas, ne montrez pas votre inquiétude, cela ne ferait que renforcer le trouble.  Tentez de détourner son attention à moyen terme dans le calme, comme si de rien n'était en lui parlant, lui proposant un jeu, en lui mettant sa musique préférée, des attentions que vous lui accordez habituellement.
  

2) Mon oiseau pique son congénère

• Comme au dessus, il faut éliminer les causes d’ordre physique, ainsi que le manque d’espace et de stimulation. Souvent, cette forme de picage (allo-picage) est liée à une montée hormonale et à un désir inassouvi de reproduction. La reproduction (au moins jusqu’à la fin de la couvaison) peut être une solution.
  
  

Vous ne rencontrerez normalement pas ces troubles, si vous choisissez un oiseau correctement sociabilisé (auprès d’individus de son espèce) et que vous le maintenez dans de bonnes conditions : espace de vie spacieux, enrichi et stimulant ; nourriture variée et équilibrée ; congénères ; possibilité de reproduire ; relation de confiance et de respect avec les humains qui s’occupent de lui.